Portrait Maoupa Mazzocchetti

Compositeur, multi-instrumentiste et DJ

Tu vas comment ?

« Je vais bien merci, je suis en train de sortir mon troisième album « UXY Dosing© » sur BFDM. Ces phases-là de pré-sortie où tu prépares pleins de choses annexes et que ça fuse d’idées me plaît beaucoup. »

Tu viens d’où ?

« Je viens d’un village en France, entre Aix-en-Provence et Marseille. Un village Provençal défiguré par une zone industrielle et ses logements dortoirs. En somme la Provence de 2021…
Désolé pour ceux qui fantasment encore la Provence de Pagnol »

Quelles sont tes influences ?

« Étant donné qu’en ce moment avec BFDM on sort mon troisième album, je vais vous parler de ça. Ces derniers temps le sucre de synthèse et l’état d’excitation maximale qu’il procure m’a pas mal influencé. Tu vois quand tu manges un Oreo, tu sens cette sensation crémeuse dans ta bouche, mais sans avoir le réel goût de la crème de lait, tout simplement, car ça n’en est pas, c’est synthétique en fait.
Via ce sujet-là, je me suis créé une nouvelle palette sonore pour créer un nouveau genre de musique électronique (l’UXY Dosing (UD)) ou Maximale Danse Music (MDM) pour cet album qui sort en février. J’ai eu la chance d’être touché par la grâce du Dextrose très jeune avec Mamie qui m’offrait des Kinder Surprise tous les mercredis.
Pour revenir à la musique, j’ai noté qu’il y a toujours une substance associée à un genre de musique et surtout qui influe sur le son. Comme ce que la marijuana est au reggae, les excitants chimiques au Punk/Rock, l’extase à la musique club, dernièrement la codéine et un certain Rap, et le dextrose à L’UXY Dosing© ! Sauf que là, c’est beaucoup plus subtil et vicieux. Le sucre tout le monde en consomme, c’est une substance légale récupérée à l’extrême par des gens très créatifs pour trouver la manière la plus efficace et scred de nous rendre accro et nous le vendre. Ce nouvel album découle de tout ça, sucre raffiné et organique de synthèse. »

Le concert /dj set /festival qui t’a le plus marqué ?

« Ma dernière claque, c’est Amnesia scanner à Bruxelles à l’Ancienne Belgique. Ce truc est à voir en concert absolument !
DJ set de Rabih Beaini en 2015 au Studio 80 à Amsterdam. Il utilisait uniquement des boucles de morceaux folkloriques et tribaux dubé avec un space-écho, ça créer des rythmiques hyper denses et très hypnotiques.
Plus récemment Mika Oki en DJset aux brasseries Atlas, un set qui mélangeait expérimental, très numérique dans un genre séquences rebondissantes mêlées à des trucs U. K mais pas que.
Beau Wanzer en live à Concrète en 2016, il me semble, puissant sombre mais léger et frais à la fois.
Equiknoxx au Trabendo en 2018 avec Shanique Marie au chant.
La performance vocale de Charmaine Lee à issue Projet Room à New York en 2016, ça m’a coupé le sifflet. D’ailleurs, sa performance vocale est utilisée pour le featuring sur l’album.
Un truc qui m’a marqué, mais qui date, c’est un concert d’Iggy Pop en 2010 à Istres. Un des concerts les plus tarés que j’ai vu. Le groupe est entré sur scène et là, direct, le bassiste se casse ou se tord le genou en sautant partout, suivit d’Iggy Pop qui s’explose l’œil en faisant tourner le micro autour de lui. Malgré ça, ils ont assuré deux heures trente, comme si de rien était.
Bouleversant. Aussi, le concert live de Travis Scott sur Fortnite, c’est tellement bien joué. »

Une anecdote ?

« Apparemment, la lune serait une cloche pour météorite. »

Ton coup de cœur du moment ?

« Yves Tumor – Heaven To A Tortured Mind. En boucle. J’ai écouté cet album en conduisant, réellement en boucle en fait, j’ai pu l’ingurgiter comme il se doit.
Récemment, je me suis plongé dans le dernier album de Eartheater – Phoenix Flames Are Dew Upon My Skin, la texture du son et vraiment particulière, les mélodies s’imprègnent en toi très rapidement, c’est beau!
Le dernier Simo Cell & Abdullah Miniawy – Kill Me or Negotiate est très beau et émotionnellement dense. »

Avec qui tu souhaiterais faire un b2b ? 

« J’aime beaucoup jouer en b2b avec Mika Oki. On joue pas mal de truc rapide en ce moment, ça peut passer par de la jungle mixée avec du free-jazz, à des trucs hyper déconstruits, puis de la trap, du dancehall. On joue vraiment plein de choses. Elle a un côté plus généreux que moi dans sa sélection de morceaux d’un point de vue danse. Moi, j’ai un rapport peut-être plus instrument, j’aime bien pousser le truc loin avant de donner, et surtout m’amuser. J’ai du mal à me contenter de ne faire que de mixer les morceaux, car je m’ennuie vite derrière les platines. Du coup, j’aime beaucoup me servir des cdj comme d’un instrument, une sorte de sampleur. Tu peux tordre, étiré, accéléré, ralentir la musique pour en faire quelque chose de complètement différent, puis par moment je donne le truc tel quel. Du coup, ces effets de style nous donnent une esthétique générale qui nous est propre, je crois. Mais le b2b ce n’est pas le truc qui me vient à l’esprit en premier quand la musique me manque.
Mon truc c’est de faire et de jouer de la musique.
Ce que j’aime, c’est faire des disques puis les jouer en live. Penser à ce que je vais utiliser comme setup/instrument, comment articuler la narration, savoir ce que je veux donner et comment, puis répéter le truc…etc. »

Tes projets pour 2021 ?

« Sortie de l’album « UXY Dosing ©» en digital le 1 Février, en vinyle le 15 Février.
Les pre-order sont déjà dispo. »