Portrait December

DJ et producteur

Tu vas comment ?

« Ecoute ça va. En colère face à cette politique gouvernementale abjecte, comme beaucoup d’entre nous.
Répressive, oppressive, autoritaire, fascisante. Ca rend fou.
Mais au niveau perso je ne suis pas le plus à plaindre, je vis les trois quarts de l’année à Bruxelles où les choses sont un peu plus douces. Paris rend dingue. C’est vraiment devenu une ville policière pour les ultra riches. J’essaie de faire un maximum de musique, je bosse sur plein de choses intéressantes dont cette collaboration avec la géniale photographe Marie Quéau, j’ai de quoi bouffer. Je me sens très privilégié par rapport à beaucoup de gens autour de moi qui sont vraiment dans la merde. »

Tu viens d’où ?

« Géographiquement ? Du Sud, près de Toulon. Pire ville de France. »

Quelles sont tes influences ?

« Enormément de choses. Après avoir été presque un problème c’est devenu une force, un genre d’objectif, une espèce de défi qui me passionne. Mélanger le plus d’influences possibles dans mes productions, même quand ça paraît ne pas aller ensemble, que ça a l’air illogique, pas évident, un peu bizarre. Je crois vraiment que la singularité vient de nos goûts les plus ambivalents, peu cohérents en apparence, pas toujours de bon goût d’ailleurs justement.
J’essaie de creuser là dedans.
Ca ne va pas dire essayer à tout prix de faire le grand écart entre des styles diamétralement opposés et de faire la course à l’originalité, c’est une question d’équilibre évidemment. Mais ce qui me touche le plus dans la musique des autres c’est vraiment la singularité, me dire « il n’y a vraiment qu’elle/il pour sonner comme ça ».
Dans mon cas ça va de l’IDM Warpienne à la cold wave, l’Électro Drexciya, l’ambient un peu Émo, la New Beat belge ou la Trap. Disons que le point commun est souvent la noirceur, le minimalisme, la répétition et une certaine forme de mélancolie. »

Le concert /dj set /festival qui t’a le plus marqué ?

« De ceux auxquels j’ai moi même joué je dirais le Berghain. Je sais que c’est devenu un poncif de dire ça mais à chaque fois c’est vraiment un sentiment très fort. D’excitation, de peur, de perfectionnisme, de grand plaisir.
Il y en a tellement d’autres c’est dur de n’en retenir qu’un. Atonal c’était très fort aussi, Kisloty à Saint Petersburg, KGRN à Tokyo, Rubber Mind à Bogota, Constant Value à Seoul… J’ai eu la chance de jouer dans des lieux et des villes incroyables. Je me sens très chanceux. »

Ton coup de cœur du moment ?

« Le live de mon ami et coloc de studio bruxellois Maoupa Mazzocchetti, accompagné de mes autres ami.e.s Mika Oki, Vica Pacheco, Emile Barret et tout son « Uxy Dosing Orchestra ». C’était fou.
Brillant, émouvant, généreux, inclassable, impressionnant sans être démonstratif, délicat et puissant à la fois. Vraiment très beau. »

Avec qui tu souhaiterais faire un b2b ou une collaboration? 

« Une de mes dernières invitées sur mon show mensuel sur Rinse France, la DJ ukrainienne Jana Woodstock. J’aime beaucoup sa manière de jouer et la musique qu’elle défend, c’est sombre et brute mais élégant. Je pense que ça collerait bien en b2b, on se l’est déjà dit plusieurs fois. »